« Astor Piazzolla (1921-1992) a été un pionnier, un créateur infatigable et un révolutionnaire dans son genre, le genre du tango, qui lui colle à la peau. Réticent au départ pour s’y engager, Piazzolla a fini par accepter l’authenticité de ses racines, avec force et conviction, créant un langage musical qui l’identifie parmi tout ce qui lui ressemble, avec sa vraie voix, sans confusion possible. […]
« Au départ peu considéré aussi bien par les amateurs – et surtout les professionnels – du tango que par les mélomanes et musiciens classiques, Piazzolla est devenu connu et apprécié dans ce milieu lorsqu’il a commencé à jouer en concert avec des ensembles prestigieux comme la Camerata Bariloche, célèbre orchestre de chambre argentin, connu de tous les méla-manes, à partir des années 1970. Plus tard, quand il s’est présenté dans l’une des plus grandes salles de concerts de Buenos Aires pour jouer en tant que soliste avec l’Orchestre philharmonique de Buenos Aires, ce fut une sorte de consécration. […].
« La renommée internationale de Piazzolla, à partir du début des années 1980, le fait adopter comme artiste à part entière, révolutionnaire du tango. Il écrit alors des œuvres “de concert” pour de grands artistes tels que le violoncelliste Mstislav Rostropovitch, dédicataire en 1982 de son œuvre Le Grand Tango pour violoncelle et piano, qui fait désormais partie du répertoire de tous les violoncellistes […]. »
Traduction d’une sélection d’extraits du livre
« Astor Piazzolla, su vida y su música »,
de María Susana Azzi et Simon Collier
Musicien classique, musicologue et pédagogue diplomé en Argentine puis en France, Hector Sabo a été directeur musical et pianiste du groupe Simplemente Tango, basé à Strasbourg. Il a ainsi vécu la musique d’Astor Piazzolla en tant qu’interprète. Il a arrangé, enregistré et joué en concert des nombreuses créations à succès de notre compositeur : Chiquilín de Bachín, Balada para mi muerte, Balada para un loco, Fuga y misterio, Oblivion, Escualo, Ché tango ché, ou encore Adiós Nonino et Los pájaros perdidos, parmi d’autres, sans oublier Libertango et Contrabajeando. Natif d’Argentine, il a entendu la musique de Piazzolla depuis son enfance, la seconde moitié des années 60, à la télévision – dans des génériques musicaux – et, plus tard, en concert, à la radio, dans des enregistrements divers. Cette musique était donc dans sa tête, naturelle et spontanée, avec ses accents porteños, ceux de Buenos Aires, la ville de son enfance et sa jeunesse, avant son installation en France en 1987. Voici sa vision de Piazzolla.